Elbrouz

L'Elbrouz ou Elbrous, en russe Эльбрус, Elbrous ou El'brous, en karatchaï-balkar Минги тау, Miñi taw, /miŋŋi taw/, situé dans le nord du Caucase, en Russie, est le point culminant de cette chaîne de montagnes, du pays, ainsi que de l'Europe avec 5 643 mètres d'altitude. Il s'agit d'un volcan ayant connu des éruptions jusqu'au début de notre ère, et il a fait naître des légendes comme celle voulant que Prométhée ait été enchaîné à ses deux pics principaux pour avoir offert le feu aux hommes. Il est recouvert de nombreux glaciers et, même si l'ascension est techniquement facile et dispose de moyens mécaniques sur l'itinéraire principal, il reste difficile d'accès en raison de ses conditions climatiques rigoureuses et changeantes. Ainsi, le point culmi...Lire la suite

L'Elbrouz ou Elbrous, en russe Эльбрус, Elbrous ou El'brous, en karatchaï-balkar Минги тау, Miñi taw, /miŋŋi taw/, situé dans le nord du Caucase, en Russie, est le point culminant de cette chaîne de montagnes, du pays, ainsi que de l'Europe avec 5 643 mètres d'altitude. Il s'agit d'un volcan ayant connu des éruptions jusqu'au début de notre ère, et il a fait naître des légendes comme celle voulant que Prométhée ait été enchaîné à ses deux pics principaux pour avoir offert le feu aux hommes. Il est recouvert de nombreux glaciers et, même si l'ascension est techniquement facile et dispose de moyens mécaniques sur l'itinéraire principal, il reste difficile d'accès en raison de ses conditions climatiques rigoureuses et changeantes. Ainsi, le point culminant n'est vaincu qu'en 1874 et la montagne, devenue un symbole de conquête, a fait de nombreux morts. Malgré des problèmes environnementaux dus à la fréquentation, la faune et la flore relativement riches sont protégées par un parc national depuis 1986.

Histoire éruptive

La datation des lahars, révélateurs des événements volcaniques, ont permis de mettre en évidence un certain nombre d'éruptions récentes durant l'Holocène, il y a 8150 ± 100, 6200 ± 120, 5100 ± 100, 4060 ± 40 et 2520 ± 60 ans[1]. La dernière éruption du mont Elbrouz a eu lieu entre l'an 50 ± 50 ans[2] et 250 ± 30 ans[1]. Aussi, aucun témoignage n'est disponible mais de nombreuses légendes ont pu naître : en dehors de celle sur Prométhée, une histoire raconte que le prince Besc't, jaloux de ce géant qu'est l'Elbrouz, lui coupa la tête d'un coup de sabre, donnant ainsi naissance aux deux sommets. Le caractère explosif du volcan[3] et la fréquence de ses éruptions peuvent faire craindre pour les populations de Transcaucasie et de Ciscaucasie une nouvelle éruption qui serait dangereuse compte tenu de l'épaisse couche de glace à son sommet[1].

Mesure de l'altitude

L'altitude de l'Elbrouz est mesurée avec précision pour la première fois en 1813 par l'astronome russe Vichnevski qui trouve 2 898 toises, soit 5 650 m pour le sommet occidental[4]. Mais les mesures varient beaucoup au cours du XIXe siècle : 5 024 m en 1829 contre 5 637 m en 1837[5].

Ascensions  Le « rocher Emmanuel », gravé à l'issue de la première ascension.

La première ascension de l'un des sommets du mont Elbrouz est réalisée dans le cadre d'une expédition scientifique, organisée par l'Académie des sciences de Russie, sur la proposition et sous la supervision du commandant de la ligne fortifiée du Nord-Caucase, le général Emmanuel. Cette expédition est composée par d'éminents scientifiques : le professeur Adolf Kupfer, fondateur de l'Observatoire de géophysique de Saint-Pétersbourg, le physicien Emil Lenz, le zoologiste Édouard Ménétries, fondateur de la Société entomologique de Russie, le botaniste Carl Anton von Meyer, qui devient plus tard académicien et directeur du Jardin botanique de Moscou, l'artiste et architecte Giuseppe Marco Bernardazzi, qui a fait le premier dessin du mont Elbrouz, et le voyageur hongrois Janos Besse[6],[7],[8]. L'ascension est réalisée par la face nord du mont Elbrouz depuis le cours supérieur de la rivière Malka[8],[9]. Le 22 juillet 1829 à midi, Killar Khaсhirov, un guide karatchaï ou kabarde atteint le sommet oriental[10],[11],[12]. Deux blocs de basalte sont prélevés au sommet : le premier est envoyé à Saint-Pétersbourg et le second est confié à Besse et rapporté au Musée national hongrois de Budapest. Les autres grimpeurs atteignent une hauteur d'environ 5 300 mètres. La première ascension de l'Elbrouz est accueillie par trois salves de fusil. En mémoire du chef de l'expédition, un texte est taillé dans un bloc de roche, à proximité du camp de base. Le « rocher Emmanuel » n'est découvert qu'en 1932 par des alpinistes soviétiques[7]. La première ascension du sommet oriental de l'Elbrouz est par la suite documentée dans les travaux de nombreux scientifiques russes, en particulier ceux des géographes Piotr Semionov-Tian-Chanski et Gustav Radde[13].

 Carte postale du XIXe siècle représentant le mont Elbrouz.

En 1868, Douglas William Freshfield, Adolphus Warburton Moore, Charles Comyns Tucker et François Devouassoud deviennent les premiers étrangers à gravir ce même sommet. Enfin, en 1874, le sommet occidental est escaladé par une expédition conduite par le guide balkar Akhia Sottaiev pour le compte du Britannique Florence Crauford Grove accompagnés par Horace Walker, Frederick Gardiner et un guide suisse, Peter Knubel[10]. À la fin du XIXe siècle, l'officier topographe russe Andreï Pastoukhov réalise plusieurs tentatives pour atteindre le sommet, mais son incapacité à s'acclimater correctement provoque plusieurs échecs. Les rochers où il a été contraint de camper lors d'une de ses tentatives portent désormais son nom en l'honneur des connaissances qu'il a apportées sur la montagne[10].

En 1891, l'Allemand Gottfried Merzbacher et l'Autrichien Ludwig Purtscheller réalisent, en compagnie de deux guides locaux, l'ascension du sommet occidental en seulement huit heures. En 1910, les grimpeurs suisses Googie et De Ramis réalisent la première traversée de l'Elbrouz en escaladant ses deux sommets au cours d'une même ascension. En 1925, A. Japaridze est la première femme à vaincre l'Elbrouz. En 1934, les alpinistes soviétiques V. Korzoun et A. Gousev réalisent la première ascension hivernale. En 1939, Vadim Gippenreiter réalise la première ascension à ski avant de redescendre au refuge des 11[14].

Durant les premières années de l'Union soviétique, l'alpinisme devient un sport populaire et la fréquentation par des alpinistes, expérimentés ou pas, s'accroît sensiblement. Durant l'hiver 1936, un important groupe du Komsomol tente une ascension et perd de nombreux membres qui glissent sur la glace[10]. L'été de la même année, le sommet est atteint par le physicien britannique Paul Dirac et son ami russe Igor Tamm[15]. En 1956, une ascension en masse de 400 alpinistes est organisée pour marquer le 400e anniversaire de l'annexion de la Kabardino-Balkarie, la république socialiste soviétique autonome où est située la montagne.

Propagande et Seconde Guerre mondiale

Dans les années 1930, Joseph Staline fait ériger son buste au sommet par des travailleurs soviétiques[16]. Elle porte l'inscription : « Sur le plus haut sommet de l'Europe a été érigé le buste du plus grand homme de tous les temps »[17]. Sa date de disparition n'est pas connue avec précision[16].

 Mémorial érigé en hommage aux défenseurs de l'Elbrouz.

À la recherche de sources de carburants stables, la Wehrmacht pousse ses conquêtes vers les champs pétroliers de Bakou au bord de la mer Caspienne et, lors de la bataille du Caucase, occupe brièvement la montagne avec un contingent alpin d'environ 10 000 hommes (Gebirgsjäger) au milieu de l'année 1942[10], dans l'espoir de franchir la chaîne du Caucase pour poursuivre sa route vers le sud-est. Selon certains témoignages, lorsque Hitler apprend la nouvelle qu'un détachement de montagne de la division Edelweiss a été envoyé escalader le sommet de l'Elbrouz afin d'y planter le drapeau nazi, il entre dans une crise de colère, qualifiant la réalisation d'« acrobatie », et menace de la cour martiale le général commandant la division[18]. Une histoire probablement apocryphe raconte qu'un pilote soviétique a reçu une médaille pour avoir bombardé le principal refuge de montagne de l'époque, le refuge des 11 (Priyout 11), construit entre 1929 et 1932[10], alors qu'il était occupé par l'ennemi. Plus tard, il a été suggéré que le pilote soit à nouveau décoré, non pas pour avoir détruit le refuge — finalement laissé intact — mais plutôt pour avoir détruit le stockage de fioul voisin du refuge à 4 160 m d’altitude[10]. En janvier 1943, les combats entre l'Armée rouge et la Wehrmacht se soldent par le retrait des troupes allemandes[10] au prix de nombreuses victimes dans les deux camps[19]. En 1971, un musée de la guerre et un monument commémoratif sont construits à la station Mir[19], à 3 470 mètres d'altitude[20], afin de rendre hommage aux victimes de ces événements, dont beaucoup ont été enfouies sous les neiges éternelles et n'ont jamais reçu de sépulture ; accessible grâce à un téléphérique, le musée attire environ 9 000 visiteurs par an qui peuvent aussi bénéficier d’un panorama à 360° sur le sommet de l'Elbrouz et les montagnes environnantes[19].

Jeux olympiques

Le 1er février 2014, en parallèle du relais principal, la flamme olympique des Jeux olympiques de Sotchi, protégée sous une lanterne en raison des rafales de vent, est allumée au sommet de l'Elbrouz par les alpinistes Abdoul Khalim Olmezov, président de la Fédération d'alpinisme de Kabardino-Balkarie, et Karina Mezova, qui compte 130 ascensions de la montagne à son actif[21].

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