Hôtel des Invalides

L'hôtel des Invalides est un ensemble architectural parisien situé dans le 7e arrondissement, dont la construction remonte au XVIIe siècle. Elle a en effet été ordonnée par Louis XIV le dans le but d'accueillir les soldats invalides de ses armées.

Demeuré fidèle à cette mission, il est également aujourd'hui le siège de différentes autorités militaires, comme le gouverneur militaire de Paris, et héberge plusieurs organismes dédiés à la mémoire des anciens combattants et au soutien des soldats blessés. Il abrite aussi la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides, plusieurs musées et une nécropole militaire, dont l'élément principal est le tombeau de Napoléon Ier.

Ce vaste co...Lire la suite

L'hôtel des Invalides est un ensemble architectural parisien situé dans le 7e arrondissement, dont la construction remonte au XVIIe siècle. Elle a en effet été ordonnée par Louis XIV le dans le but d'accueillir les soldats invalides de ses armées.

Demeuré fidèle à cette mission, il est également aujourd'hui le siège de différentes autorités militaires, comme le gouverneur militaire de Paris, et héberge plusieurs organismes dédiés à la mémoire des anciens combattants et au soutien des soldats blessés. Il abrite aussi la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides, plusieurs musées et une nécropole militaire, dont l'élément principal est le tombeau de Napoléon Ier.

Ce vaste complexe architectural, conçu par Libéral Bruand et Jules Hardouin-Mansart, est l'un des chefs-d’œuvre de l'architecture classique française.

Origines du projet  Louis XIV ordonnant la construction des Invalides, vers 1670. Louis XIV visitant les Invalides en 1706, peinture de Pierre-Denis Martin. Vue générale de la façade nord depuis l'esplanade des Invalides[1]. La cour d'honneur de l'hôtel des Invalides, au nord du complexe.Les prédécesseurs de Louis XIV

Le projet d'un hôtel des Invalides en France existe depuis le règne d'Henri II. Il a reçu un début d'application sous Henri III[2] puis sous Henri IV[3]. En 1634, sous le règne de Louis XIII, Richelieu fait transformer le château de Bicêtre en un établissement pour l'entretien des soldats invalides (la « commanderie Saint-Louis »)[4].

Louis XIV reprend cette idée à partir de 1659 (traité des Pyrénées).[réf. nécessaire]

Motivations du roi

L'édit royal du 12 mars 1670 indique que le roi souhaite assurer aide et assistance aux soldats invalides ou trop âgés de ses armées, afin que « ceux qui ont exposé leur vie et prodigué leur sang pour la défense de la monarchie (…) passent le reste de leurs jours dans la tranquillité ».

Mais Louis XIV a aussi des objectifs politiques. En premier lieu, les invalides, issus pour la plupart de la guerre de Trente Ans[réf. nécessaire] (1618-1648), sans occupation et sans revenus, deviennent une population vue comme dangereuse, en proie à la mendicité, au vagabondage et au chapardage, ce qui cause des troubles à l'ordre public, surtout lorsqu'ils s'organisent en bandes se livrant au brigandage (Jacques Callot illustre en 1632 le sort de ces soldats sans solde dans Les Grandes Misères de la guerre)[5]. La population se plaint de leur comportement. Le roi a tenté de placer les invalides dans certains monastères en les imposant comme oblats[4], mais aussi bien les intéressés que les responsables ecclésiastiques sont en désaccord avec cette pratique, les premiers refusant une vie aussi stricte que celle de la vie monacale et préférant être valets, commensaux de maladreries ou de couvents[pas clair], mendiants, voire devenir voleurs.

En second lieu, Louis XIV ayant des projets de conquête, il doit d'une part redorer l'image de l'armée auprès de la population, d'autre part redorer sa propre image aux yeux des soldats[6].

L'édit de 1670

Le projet de Louis XIV ne se concrétise qu'en 1670, lorsque le roi crée, par ordonnance royale du 24 février, l'hôtel des Invalides destiné aux militaires âgés, blessés ou inaptes à la guerre.

Louis XIV précise ses intentions : « Nous avons estimé qu'il n'était pas moins digne de notre pitié que de notre justice, de tirer hors de la misère et de la mendicité les pauvres Officiers et Soldats de nos Troupes, qui ayant vieilli dans le service, ou qui dans les guerres passées ayant été estropiés, étaient non seulement hors d'état de continuer à Nous en rendre, mais aussi de rien faire pour pouvoir vivre et subsister ; et qu'il était bien raisonnable que ceux qui ont exposé librement leur vie et prodigué leur sang pour la défense et le soutien de cette Monarchie […] jouissent du repos qu'ils ont assuré et passent le reste de leur jours en tranquillité »[7].

L'établissement, qui répond aux fonctions d'hôpital, d'hospice, de caserne et de couvent doit être exempté d'impôts. Son administration revient à un gouverneur. L'entretien des pensionnaires repose sur des prélèvements sur les revenus des prieurés et des abbayes[8].

La construction Construction de l'hôpital (1671-1674)

L'emplacement retenu est la plaine de Grenelle, dans le quartier du Gros Caillou, alors faubourg de Paris. Louvois, secrétaire d'État à la Guerre, confie les travaux des bâtiments principaux (logements, infirmerie, réfectoire) à Libéral Bruant, architecte du roi, qui a déjà réalisé l'hospice de la Salpêtrière. Son projet, sélectionné par Louis XIV parmi huit, propose quatre corps de logis et cours intérieurs centrés autour d'une cour royale. Ce plan à cours multiples dans la tradition de l'architecture monastique et hospitalière reprend ainsi celui de l'Escurial, le palais-monastère de Philippe II d'Espagne, près de Madrid, et des hôpitaux de l'époque (la Salpêtrière, l'hospice des Incurables)[9].

Les travaux débutent en mars 1671, la première pierre est posée le 30 novembre et tous les bâtiments, à l'exception de l'église et de l'infirmerie, sont achevés en février 1674 grâce à l'aide que lui apportent Louvois et ses intendants, les trois frères Camus. Durant le règne de Louis XIV, c'est le deuxième chantier en importance (coût total, près de deux millions de livres tournois après celui du château de Versailles (68 millions de livres tournois)[10].

En octobre 1674, Louis XIV inaugure l'hôtel, qui ouvre ses portes aux premiers pensionnaires.

Construction de l'église (1674-1706)

La face arrière de la grande cour est cependant détruite, moins d'un an après son achèvement, pour laisser place aux fondations du grand dôme. Les matériaux de construction, notamment la pierre de craie, sont débarqués au niveau d'un port aménagé sur la Seine au niveau du futur pont Alexandre-III[11].

 Les plans de Jules Hardouin-Mansart prévoyaient aussi une vaste esplanade avec une monumentale colonnade pour mettre en valeur le dôme au sud, mais elles ne furent jamais réalisées.

L'église royale, initialement prévue par Bruant, bute sur la construction. Louvois, qui y voit l'occasion de mettre à l'écart l'un des protégés de son rival, Colbert, détourne Bruant vers d'autres travaux de ponts et chaussées et confie l'ouvrage à partir de mars 1676 à Jules Hardouin-Mansart qui travaille également aux pavillons d'entrée et aux infirmeries.

La construction de l'édifice religieux, ralentie par les restrictions de Colbert, dure près de trente ans. Après sa mort, en 1683, Louvois le remplace au ministère, quadruple la mise initiale de cent mille livres que Colbert avait alloué à la construction du dôme, se fait très présent sur le chantier et n'hésite pas à harceler les fournisseurs en pierre retardataires tel que Carel. Le 28 août 1706, Hardouin-Mansart remet les clefs du Dôme au Roi-Soleil.

Les Invalides du règne de Louis XIV au règne de Louis XVI Louvois et les Invalides

Louvois, particulièrement attaché aux Invalides, souhaitait y être inhumé après sa mort. Il est bien inhumé dans l'église le 19 juillet 1691, mais le 29 janvier 1699, son cercueil est transféré dans l'église du couvent des Capucines, qu'il a fait construire près de la place Vendôme. On soupçonne Madame de Maintenon, épouse morganatique du roi et adversaire de Louvois, d'avoir fait retarder la construction de son mausolée car le roi n'avait pas libéré les crédits à cet effet.[pas clair]

Louvois reste néanmoins présent aux Invalides par un jeu de mots en rébus : la décoration d'armes d'une des lucarnes présente, de façon assez étrange, un loup sortant la tête de hautes herbes et fixant la cour : c'est-à-dire « d'ici, le loup voit »[12].

Les Invalides sous l'Ancien Régime  Plan de l'hôtel, d'après celui de la description de l'abbé Pérau (1756)[13]. Un réfectoire des soldats qui est occupé au centre par la « table des buveurs d'eau », où sont cantonnés les punis.

L'hôtel devient rapidement un lieu de promenade pour les Parisiens, qui se mêlent aux militaires qui y résident. Les cérémonies qui s'y déroulent attirent aussi de nombreux spectateurs.

En avril 1717, au début de la Régence, le tsar de Russie Pierre le Grand y fait une visite.

L'hôtel des Invalides est délaissé par les successeurs de Louis XIV. Louis XV n'y est jamais venu, et Louis XVI seulement à de rares occasions, saluant toujours la performance de cette institution[réf. nécessaire].

Les Invalides durant la Révolution française (1789-1799)  Le 14 juillet 1789, par Jean-Baptiste Lallemand. Prise des armes aux Invalides, (musée de la Révolution française).

Le 5 mai 1789 a lieu la première réunion des États généraux du royaume, qui deviennent l'Assemblée nationale constituante le 9 juillet. Le 11 juillet, le renvoi du ministre des Finances Necker suscite l'inquiétude des patriotes parisiens qui se croient menacés d'une attaque par les troupes royales. Paris entre en insurrection le 13 juillet, à l'instigation notamment de Camille Desmoulins.

Les Invalides à la veille de l'insurrection parisienne

Le gouverneur des Invalides, Charles François de Virot de Sombreuil, sait que ce climat de révolte est présent jusque chez les pensionnaires de son institution.

Le gouverneur et son état major sont victimes de l'impopularité des réformes lancées par le comte de Saint-Germain, ministre de la Guerre de Louis XVI.

Certains invalides sont proches des loges maçonniques et les soldats rescapés du corps expéditionnaire français en Amérique (Rochambeau[14]) entretiennent de la sympathie pour le mouvement révolutionnaire.

Les événements du 13 juillet 1789

Lundi 13 juillet 1789, à la nuit tombée, des barricades sont dressées dans Paris. Le baron Pierre-Victor de Besenval, lieutenant général des armées du roi et colonel du régiment des gardes suisses, est chargé de la protection de la ville. Face à la menace, il se retranche avec ses troupes dans son camp installé au champ de Mars. La foule s'arme de bâtons et pille le couvent Saint-Lazare.

Dans la soirée, Sombreuil reçoit une demande de fournir des armes au peuple, à laquelle il ne donne pas suite. Au contraire, il charge vingt invalides de retirer les chiens des fusils afin de les rendre inutilisables. Mais sans doute pour soutenir l'action révolutionnaire, ce travail n'avance pas et est abandonné.[réf. nécessaire]

14 juillet 1789

Le lendemain, 14 juillet 1789, à sept heures du matin, le Comité permanent des électeurs de Paris[15], siégeant à l'hôtel de ville, envoie Ethis de Corny, procureur du roi, réclamer les armes stockées aux Invalides.

Il arrive à neuf heures avec une escorte armée. Le gouverneur, ne disposant que de sa garde et d'une compagnie d'artillerie, refuse de livrer les armes sans ordres formels du roi. Il explique à Ethis de Corny qu'un courrier est parti pour Versailles et lui demande d'attendre la réponse. Mais la foule qui se masse autour des Invalides refuse ce délai et se lance à l'assaut du bâtiment. L'ordre est donné aux artilleurs de faire feu sur la foule mais il n'est pas suivi. Les invalides eux-mêmes ouvrent les grilles. La foule s'empare de 32 000 fusils et de 27 canons qui vont être utilisés pour la prise de la Bastille.

Le 14 juillet au soir, Paris est aux mains du parti patriote et de la Commune de Paris. Le marquis de La Fayette devient commandant en chef de la Garde nationale, créée à ce moment, et accueille ensuite le roi avec le nouvel emblème de la France : la cocarde bleu-blanc-rouge.

Destin des Invalides : le statut de 1791

Le 15 juillet 1789, Sombreuil ne peut calmer ses hommes. Il donne sa démission, refusée par le roi, qui lui demande d'attendre que l'Assemblée constituante prenne une décision quant au sort de l'institution.

Le dossier est examiné en 1791 par l'Assemblée, qui charge Edmond Louis Alexis Dubois-Crancé du dossier (il est déjà chargé du dossier de la réorganisation de l'armée). Celui-ci souhaite la fermeture de l'hôtel pour faire des économies et augmenter la solde des 30 000 soldats invalides répartis dans tout le pays. Les malades seraient alors répartis dans les 83 « hospices de la Patrie » que la Constituante cherche à créer. Le bâtiment serait revendu à la Commune de Paris, qui pourrait le réutiliser comme prison. Le projet est débattu, les invalides eux-mêmes sont divisés, l'abbé Jean-Sifrein Maury est l'un des plus grands détracteurs de l'idée d'une fermeture d'un établissement qu'il juge être « un exemple pour toute l'Europe ».

Le 30 avril 1791, l'Assemblée décide le maintien de l'institution et de son statut, sous le nom d'« hôtel national des militaires invalides », à la charge d'un comité électif du département de la Seine. Ce nouveau statut est contesté par une partie du personnel, entre autres par un héros de la Bastille, Cordier, et par la responsable de l'infirmerie, la veuve Piat.

Les Invalides au début de la République : le statut de 1794 et les déprédations

Louis XVI est renversé le 10 août 1792 et la république instituée le 21 septembre par une nouvelle assemblée constituante, la Convention.

Le statut de 1791 est abrogé par la Convention le 15 mai 1794. Il est remplacé par une Agence révolutionnaire[réf. nécessaire], dirigée par des Jacobins. Ceux-ci font arrêter Sombreuil, qui est guillotiné avec son fils Stanislas, le 17 juin 1794.

Depuis, l'hôtel avait déjà été maintes fois pillé, les emblèmes royaux et symboles religieux martelés, les cours rebaptisées (la cour Royale devient cour de la République, celle de l'Infirmerie en cour de l'Humanité, celle du Gouverneur en cour des sans-culottes…).

Les quatre vertus qui ornent le lanternon du dôme sont saisies et fondues pour devenir des balles. Le symbole de Louis XIV est aussi détruit.

Le retour à l'ordre après la chute de Robespierre (27 juillet 1794)

Des hommes à poigne sont nommés à la tête de l'institution pour la redresser, tels que Louis-Adrien Brice de Montigny, nommé le 15 avril 1796, épaulé par l'adjudant-général Dumesnil et le général de division Jean-François Berruyer.

Avec le temps, l'institution retrouve ses marques. Mais c'est un nom qui viendra unir les pensionnaires. Les blessés de la campagne d'Italie ne parlent déjà que de lui : le jeune général Napoléon Bonaparte.[réf. nécessaire]

Le tournant napoléonien  Première distribution des décorations de la Légion d'honneur dans l'église des Invalides, le 14 juillet 1804, Jean-Baptiste Debret (1768–1848), 1812, musée de l'Histoire de France (Versailles).

Renommé hôtel national des militaires invalides[16], il est menacé de disparition. Tombé amoureux des lieux, le Premier Consul Napoléon rouvre dès 1800 l'église des Soldats et fait du complexe architectural un panthéon militaire, manifestant son désir de légitimation et de gagner le cœur des soldats. C'est ainsi que le 22 septembre 1800, Napoléon y fait transporter le corps de Turenne et le cœur de Vauban le 26 mai 1808[17]. Dès le Consulat, des cérémonies nationales s'y déroulent : « dépôt des trophées de la campagne d'Égypte (9 mai 1800), fête de la Concorde (14 juillet 1800), anniversaire de la République (22-23 septembre 1800), première remise des étoiles de la Légion d'honneur (15 juillet 1804) et, plus tard, entrée des drapeaux pris lors de la campagne de Prusse (17 mai 1807)[18]. »

 Napoléon Ier visitant l'infirmerie des Invalides, 11 février 1808, Alexandre Veron-Bellecourt, 1809, musée de l'Histoire de France (Versailles).
Il est accompagné des maréchaux Berthier, Duroc, Murat, Sérurier (gouverneur de Invalides), et du médecin des Invalides, Jean François Coste.

Napoléon s'occupe de la nomination de toutes les autorités de l'institution, de son fonctionnement ainsi que de sa réputation. Il efface tous les mauvais traitements qu'avait infligés la Révolution française, avec la dégradation des statues, et il demande à Pierre Cartellier la reconstitution de la statue équestre de Louis XIV (1815), sur le haut relief de la porte d'honneur, sculptée par Nicolas Coustou (1735)[19]. L'Empereur y place le 17 mai 1807 en grande pompe l'épée du roi de Prusse Frédéric II de Prusse, acquise à la suite de sa victoire le 25 octobre 1806 à la bataille de Potsdam.

Napoléon se rendra à plusieurs reprises écouter les récriminations de ses anciens compagnons d'armes. Par le décret organique du 25 mars 1811, il concède à l'hôtel un budget de 6 millions de francs de l'époque. C'est pour les Invalides un véritable âge d'or que ce Premier Empire[20].

De la chute de Napoléon (1814) à nos jours  Le Napoléon Ier en petit caporal de Charles Émile Seurre, avec son bicorne et sa redingote grise ouverte sur son uniforme des chasseurs de la Garde, main gauche glissée dans le gilet et lunette télescopique dans la main droite, les boulets à ses pieds rappelant qu'il a été artilleur[21]. Cour d'honneur de l'hôtel des Invalides.

En 1814, les Invalides sont rebaptisés « hôtel royal des Invalides », mais dans le cœur des militaires bonapartistes, ils restent le lieu emblématique de leur héros. Avec la chute de Charles X et l'avènement de Louis-Philippe Ier, les bonapartistes sont libres d'afficher leur fidélité et la question du retour des cendres peut être posée. Victor Hugo et Alexandre Dumas réclament ce retour. Finalement, c'est Adolphe Thiers qui, à l'Assemblée, parvient à faire basculer le débat. Le retour des cendres lui semble un beau symbole du retour d'une France puissante. Si Louis-Philippe Ier reste réticent, son fils le duc d'Orléans est enthousiaste. Le 1er mai 1840, jour de la saint Louis-Philippe, celui-ci accepte la requête d'Adolphe Thiers. Charles de Rémusat, ministre de l'Intérieur, demande alors à l'Assemblée, un crédit d'un million de francs pour financer le retour des restes et la construction d'un tombeau dont l'emplacement est déjà désigné : les Invalides, déjà choisies par Napoléon lui-même. Lorsque le deuxième million réclamé à l'Assemblée est refusé, la presse se déchaîne : les royalistes y voient un affront, les républicains une somme colossale, les bonapartistes une dépense naturelle. Le prince de Joinville est chargé du transfert à bord de La Belle Poule et de La Favorite le 7 juillet 1840 de Toulon, revenant le 30 novembre 1840 à Cherbourg. Mais coup de théâtre entre deux, le gouvernement Adolphe Thiers vient de chuter et celui-ci est remplacé par le maréchal Soult qui charge François Guizot des Affaires étrangères, et ainsi donc du rapatriement. Or celui-ci est un fervent adversaire de Thiers ainsi qu'un anti-bonapartiste. Joinville se retrouve alors bloqué à Cherbourg, attendant des ordres qui n'arrivent pas. Si le chantier avance à grands pas sous la houlette des maîtres d'œuvre Henri Labrouste et Louis Visconti, la cérémonie, elle, n'est pas prête. Néanmoins, la Dorade peut enfin remonter la Seine pour accoster à Courbevoie au cri de « Vive l'Empereur ! ».

À partir de 1871, sous la troisième République, l'hôtel se dote très tôt d'une fonction muséographique : musée d'artillerie en 1872 et musée historique des armées en 1896, réunis en musée de l'armée en 1905. En 1896, il n'y a qu'une quarantaine d'invalides dans l'hôtel[16].

Différents décors ont eu une existence temporaire : outre la statue d'Eugène de Beauharnais installée entre 1870 et 1970 dans l'avant-cour du côté de l'Esplanade, les chars du Maréchal Leclerc, l'avion de Guynemer et bien d'autres témoins de l'histoire militaire du XXe siècle, on peut citer notamment les grandes fresques du peintre Bénédict Masson représentant des scènes de l'histoire de France depuis les origines, commencées sous le second Empire et jamais achevées. Restaurées en 1913, elles ont définitivement été effacées par les restaurations de la fin du XXe siècle.

La statue en pied de Napoléon dans la cour d'honneur a connu des vicissitudes : commandée par Louis-Philippe au sculpteur Charles Émile Seurre pour être installée au sommet de la colonne Vendôme en 1833, elle est remplacée sous Napoléon III par une statue jugée plus digne représentant Napoléon dans la toge de César. C'est cette statue qui sera abattue par la Commune de Paris. En attendant, la statue de Seurre est installée au rond-point de Courbevoie[22], situé dans l'axe historique de l'Ouest parisien. À la chute du Second Empire, elle est déboulonnée par les Parisiens, qui croient la rumeur selon laquelle les Prussiens veulent l'attacher par le cou et la traîner le long des rues de la capitale. Devant être transférée aux Invalides pour échapper aux Prussiens en 1870 et à la Commune en 1871, elle est placée sur une barge de la Seine, mais elle tombe à l'eau (accident ? Jetée intentionnellement ?). Une rumeur prétendit que la tête en bronze se sépara du corps lors de la chute et que la tête actuelle ne serait pas l'originale. Elle est repêchée en 1876 et placée dans les réserves des Invalides. Restaurée, à l'initiative de la Société des amis du musée de l'Armée, elle trouve le 11 mars 1911 sa place actuelle aux Invalides[23]. Elle est remplacée à Courbevoie par le groupe sculpté La Défense de Paris, inauguré en 1883.

L'hôtel des Invalides accueille une centaine de grands invalides de guerre des armées françaises. L'administration chargée de cette mission est l'Institution nationale des invalides. C'est aussi resté le lieu parisien emblématique de l'armée française, et de ce fait la cour d'honneur de l'hôtel des Invalides est un cadre privilégié pour de nombreuses cérémonies militaires.

Le samedi 13 septembre 2008, le pape Benoît XVI célébra une messe sur l'esplanade des Invalides devant 260 000 personnes dans le cadre de son voyage apostolique en France.

Restaurée en 1962, cette façade s'étire sur 100 toises du Châtelet (environ 195 m). Elle comporte un rez-de-chaussée doté d'arcades cintrées, deux étages légèrement inégaux percés de fenêtres à mascarons, et un attique surmonté de comble dont les lucarnes sont décorées de trophées (armures, casques et armes). Le pavillon central abrite côté cour un vestibule et côté jardin un salon à l'italienne. Un fronton couronne cet avant-corps cantonné de deux massifs de forme concave. Les deux pavillons d'angle sont coiffés de comble à lucarne à deux croisées jumelées, à fronton cintré orné de faisceaux de drapeaux et de trophées. Cf Adélaïde Barbey, Paris, Hachette, 1990, p. 273. Dès 1575, Henri III forme, dans la rue de Lourcine, dans l'ancien emplacement de l'« hôtel-Dieu du Patriarche », une maison royale et hospitalière pour les officiers et soldats infirmes, appelée « maison royale de la Charité chrétienne ». En 1603, Henri IV rend un nouvel édit en faveur de la maison royale de la charité chrétienne, qui lui accorde une portion des revenus des hôpitaux et des maladreries. ↑ a et b Jean Imbert, Histoire des hôpitaux en France, Privat, 1982, p. 184 François Lagrange et Jean-Pierre Reverseau, Les Invalides. L'état, la guerre, la mémoire, Éditions Gallimard, 2007, p. 12. Pierre Gouhier, Les militaires, Éditions universitaires, 1983, p. 64. Boris Bouget, Les Invalides. Le musée de l’armée. Le tombeau de Napoléon. Guide officiel, Paris, Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 2021, 64 p. (ISBN 978-2-71187-259-6), p. 10. Jean-Pierre Labatut, Louis XIV, roi de gloire, Imprimerie nationale, 1984, p. 155. Frédéric Lacaille (dir.), Peintures murales aux Invalides, Faton, 2005, p. 55 François Lagrange et Jean-Pierre Reverseau, Les Invalides. L'état, la guerre, la mémoire, Éditions Gallimard, 2007, p. 15. Anne Muratori-Philip, Histoire des Invalides, Éditions Perrin, 2001, p. 20. François Lagrange et Jean-Pierre Reverseau, Les Invalides. L'état, la guerre, la mémoire, Éditions Gallimard, 2007, p. 17. Les ailes de la cour royale sont pourvues d'un pavillon central et de deux galeries superposées. Les ailes orientale et occidentale abritent, au rez-de-chaussée, les quatre réfectoires des soldats desservis par deux vestibules à l'air libre, et, à l'étage, les chambrées. Ces réfectoires sont des salles de plus de 40 mètres de long et de 7,35 mètres de large pour une hauteur de 7,5 mètres, égale à deux niveaux de l'hôtel, et reliées aux cuisines par un couloir. Elles sont couvertes de plafonds à solives et décorées de scènes guerrières dues à Martin des batailles et aux élèves de Van der Meulen. Elles peuvent recevoir chacune près de 400 hommes en un service, qui est doublé à la fin du règne de Louis XIV (deux repas principaux pris en deux services : déjeuner à 11 h et 11 h 45, dîner à 18 h et 18 h 45). Dans l'axe de la cour, une grande cuisine relie les deux réfectoires réservés aux officiers. Cf Jean-Pierre Bois, Les anciens soldats dans la société française au XVIIIe siècle, Economica, 1990, p. 230-240 Le marquis de La Fayette a combattu aux côtés des Américains, mais il était engagé volontaire dans l'armée américaine, et non pas envoyé par le ministre de la Guerre. Formé à l'occasion des élections des députés aux États généraux, à la fin de 1788. ↑ a et b Journal de l'Union nationale des combattants, no 5, page 5. François Lagrange, Jean-Pierre Reverseau, Les Invalides. L'état, la guerre, la mémoire, Gallimard, 2007, p. 112 Thierry Lentz, Napoléon. Dictionnaire historique, Place des éditeurs, 2021, p. 375. Ce fronton, orné d'un Louis XIV équestre entre les deux allégories de la Prudence et de la Justice, est soutenu par deux couples de colonnes ioniques au pied desquelles Coustou érige les statues de Minerve et de Mars. François Lagrange, Jean-Pierre Reverseau, Les Invalides. L'état, la guerre, la mémoire, Gallimard, 2007, p. 38 L'Artiste : journal de la littérature et des beaux-arts, Paris, 1840 (lire en ligne), p. 241. Elle est remplacée depuis par la statue de La Défense de Paris. La statue de Napoléon aux Invalides.
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