Conques

Conques (en occitan Concas) est une ancienne commune française située dans le département de l'Aveyron en Midi-Pyrénées, en région Occitanie, devenue, le , une commune déléguée de la commune nouvelle de Conques-en-Rouergue.

Pendant tout le Moyen Âge, Conques fut un important sanctuaire où étaient vénérées les reliques du crâne de sainte Foy. Elle est célèbre grâce à son église abbatiale dont l'architecture et les sculptures du porche sont remarquables, et son trésor, notamment la statue en or de Sainte Foy. Depuis le XXe siècle, elle a été déclarée « étape majeure » sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle (Via Podiensis) parce qu'elle est citée dans le dernier Livre du ...Lire la suite

Conques (en occitan Concas) est une ancienne commune française située dans le département de l'Aveyron en Midi-Pyrénées, en région Occitanie, devenue, le , une commune déléguée de la commune nouvelle de Conques-en-Rouergue.

Pendant tout le Moyen Âge, Conques fut un important sanctuaire où étaient vénérées les reliques du crâne de sainte Foy. Elle est célèbre grâce à son église abbatiale dont l'architecture et les sculptures du porche sont remarquables, et son trésor, notamment la statue en or de Sainte Foy. Depuis le XXe siècle, elle a été déclarée « étape majeure » sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle (Via Podiensis) parce qu'elle est citée dans le dernier Livre du Codex Calixtinus, pratiquement inconnu jusqu'à son édition en latin en 1882. C'est aussi un village classé par l'association Les plus beaux villages de France. Le lien supposé avec le pèlerinage à Compostelle a valu à Conques, en 1998, le classement au Patrimoine mondial de l'humanité de l'abbatiale et du pont sur le Dourdou. L'influence de Conques sur le tourisme local a été reconnue en 2008 par le Conseil Régional Midi-Pyrénées avec la reconnaissance de la commune comme l'un des Grands Sites de Midi-Pyrénées.

Moyen Âge  Une vieille demeure du village.

On pense que, dès le Ve siècle, aurait existé à cet endroit une petite agglomération autour d'un oratoire consacré au Saint-Sauveur. Cet oratoire, après le passage des Sarrasins vers 730, aurait été reconstruit par les soins de Pépin le Bref, puis par Charlemagne. Vers la même époque, l'ermite Dadon y fonde un monastère qui adopte la règle de saint Benoît avant 801 sous la direction de l'abbé Medraldus, successeur de Dadon. Ainsi structurée, cette abbaye réunit progressivement d'importants domaines fonciers et constitue un îlot de prospérité dans la détresse économique du IXe siècle.

Entre 864 et 875, événement capital, un moine de Conques, Ariviscus (ou Aronside), parvient à dérober les reliques de sainte Foy dans une église abbatiale située aux environs d’Agen, où sainte Foy avait subi le martyre à l'âge de douze ans en 303. Cette pratique est très courante au Moyen Âge ; elle est pudiquement appelée « translation furtive »[Note 1]. Ce vol pieux aurait immédiatement déclenché des miracles, ce qui provoqua la venue de nombreux pèlerins.

Pendant la même période, un tombeau attribué à l'apôtre saint Jacques est découvert à Compostelle. Vers 955-960, le comte de Rouergue Raymond Ier de Toulouse est l'un des premiers pèlerins qui se rendent en Galice pour vénérer l'apôtre. Trente ans plus tard, son fils Raimond a un enfant et est vainqueur des musulmans dans les environs de Barcelone ; en signe de reconnaissance, il fait cadeau à Conques d'une magnifique prise de guerre, une selle garnie de parements d'argent ciselé, avec lesquels les moines fabriquent une grande croix qui devient le symbole des chrétiens.

Tout au long du XIe siècle, sainte Foy, au nom symbolique, patronne la croisade de la Reconquista espagnole. Deux moines de Conques deviennent évêques en Navarre et en Aragon : Pierre d'Andoque à Pampelune (1083-1115), et un certain Pons en 1100 à Barbastro (Aragon) où, l'année suivante, le roi Pierre Ier d'Aragon fonde un monastère dédié à sainte Foy. Les deux évêques assistent à la donation de Roncevaux à l'abbaye de Conques entre 1100 et 1104.

Au XIIIe siècle, l'abbaye se renforce et atteint l'apogée de sa puissance économique. Mais elle décline aux XIVe et XVe siècle, et est finalement sécularisée en 1537.

Époque contemporaine  Le village.

Abandonnée depuis la Révolution, Conques est redécouverte en 1837 par Prosper Mérimée, alors inspecteur des Monuments historiques. Le trésor et le grand portail ont été conservés intacts par les habitants, mais l'église doit subir des consolidations.

En 1832, Conques absorbe Montignac et une partie de Saint-Marcel (l'autre partie étant réunie à Sénergues). En 1873, Mgr Bourret, évêque de Rodez, s'adresse au père Edmond Boulbon, restaurateur de l'ordre canonial de Prémontré à Saint-Michel de Frigolet en Provence, pour le renouveau du culte de sainte Foy et du pèlerinage ; le 21 juin 1873, une petite colonie de six chanoines réguliers est installée dans l'antique abbaye par l'évêque de Rodez. Les habitants de Conques, en ce début de la Troisième République, voient refleurir une époque dont ils avaient perdu jusqu'au souvenir : les cloches de l'abbatiale sonnent de nouveau matines, laudes, vêpres et complies…

En 1911, un musée est construit par les Monuments historiques pour abriter les reliques de sainte Foy. Retrouvées en 1875, elles ont été reconnues et le pèlerinage a été remis en honneur depuis 1878.

Conques, un bourg monastique  Une vue en hauteur.

Dans un premier temps, le monastère Saint-Sauveur fondé par l'ermite Dadon ne paraît pas avoir regroupé autour de lui une population nombreuse. Au début du IXe siècle, le chef-lieu de la viguerie (division territoriale de l'empire carolingien) se trouve à Montignac, héritier d'un grand domaine de l'Antiquité, aujourd'hui hameau du voisinage. Deux siècles plus tard, vers 1013-1020, Bernard d'Angers révèle dans son Livre des miracles de sainte Foy (Liber miraculorum sancte Fidis) l'existence d'un bourg (vicus) et même d'une « ville fameuse » (inclita villa[1]) à Conques. Il cite même un certain Bernard Pourcel comme « bourgeois de cette ville » (burgensis illius ville) : c'est une mention précoce du « bourgeois » dans l'Occident médiéval[2].

À Conques, les activités économiques et le courant commercial né du pèlerinage, avec sa clientèle sans cesse renouvelée, ne peuvent qu'encourager le peuplement. Ainsi le Livre des miracles se fait l'écho du commerce rémunérateur de la cire et des cierges qui se pratiquait aux portes de l'église. Il cite même l'un de ces « marchands du temple », un Auvergnat cupide installé à Conques. L’hospitalité payante chez le particulier ou l'aubergiste devient une autre source de profit, car les moines ne peuvent pas assurer la nourriture et l'hébergement de tous les pèlerins. À l'époque romane, l'ouverture des grands chantiers de construction : abbatiale, cloître, bâtiments conventuels, remparts, provoque un appel de main-d’œuvre considérable. Même si les tâches spécialisées, comme la taille des pierres ou la sculpture, sont assurées le plus souvent par des équipes venues de l'extérieur, il faut bien recruter sur place l'armée des manœuvres, des terrassiers ou des bouviers.

On ignore le nombre d'habitants au XIIe siècle. Mais, en 1341, Conques comptait 730 « feux », soit 3 000 habitants environ, et se plaçait au septième rang parmi les villes du Rouergue. Il ne s'agit donc pas d'un simple village comme aujourd'hui, mais d'une agglomération à caractère urbain, avec ses remparts, ses quatre consuls renouvelables tous les ans, sa halle et son poids public. Elle a été construite par les moines de Conques.

Le pèlerinage de Compostelle

Sur la Via Podiensis du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, certains jacquets pouvaient prendre une variante[3] qui permettait de rejoindre Toulouse pour honorer le corps de saint Sernin, et continuer leur chemin par la Via Tolosane. Enjambant le Dourdou par le pont des « romieus », ils quittaient Conques pour gagner Aubin, et passaient par Villefranche-de-Rouergue et Gaillac. Au départ de Conques, deux itinéraires s'offraient aux pèlerins pour rejoindre le Quercy et l'abbaye de Moissac. Le plus court franchissait le Dourdou sur le vieux pont vers Aubin. Mais le plus fréquenté passait sous la Porte de La Vinzelle pour se diriger sur Grand-Vabre et Figeac au sud-est.

Dans le Guide du Pèlerin, rédigé autour de 1140, Aimery Picaud note :

« Les Bourguignons et les Teutons qui vont à Saint-Jacques par la route du Puy doivent vénérer les reliques de sainte Foy, vierge et martyre, dont l'âme très sainte, après que les bourreaux lui eurent tranché la tête sur la montagne de la ville d'Agen, fut emportée au Ciel par les chœurs des anges sous la forme d'une colombe et couronnée des lauriers de l'immortalité. Quand le bienheureux Caprais, évêque de la ville d'Agen, qui, pour fuir les violences de la persécution, se cachait dans une grotte, eut vu cela, trouvant le courage de supporter le martyre, il alla rejoindre le lieu où la vierge avait souffert et gagnant dans un courageux combat la palme du martyre, il alla jusqu'à reprocher à ses bourreaux leur lenteur. Enfin le très précieux corps de la bienheureuse Foy, vierge et martyre, fut enseveli avec honneur par les chrétiens dans une vallée appelée vulgairement Conques; on bâtit au-dessus une belle basilique dans laquelle, pour la gloire de Dieu, jusqu'à aujourd'hui la règle de saint Benoît est observée avec le plus grand soin; beaucoup de grâces sont accordées aux gens bien portants et aux malades; devant les portes de la basilique coule une source excellente dont les vertus sont plus admirables encore qu'on ne peut le dire. »

Selon Frédéric de Gournay, aucun document antérieur au XIIe siècle ne fait de Conques une étape sur la route de Compostelle : jusqu'à l'abbatiat de Bégon III de Mouret (1087-1108) et même celui de son successeur, l'abbé Boniface, Conques apparaît comme un centre de pèlerinage, qui attire les pèlerins de provenance diverse (de la Catalogne à la Normandie), et un sanctuaire jaloux de son indépendance[4]. La mention d'Aimery Picaud indique une première subordination de Conques, qui devient au XIIe siècle une étape sur la Via Podiensis.


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Liber miraculorum sancte Fidis II, 5. Frédéric de Gournay, Étude du cartulaire de l'abbaye de Conques, t. 1, Université de Toulouse-Le Mirail, 1988, p. 211-212. « Informations et topoguide sur la voie Conques-Toulouse » Frédéric de Gournay, Les documents écrits de l'abbaye de Conques, Université de Toulouse-Le Mirail, 1992, p. 76-79, 84-89.
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