Mammoth Cave National Park

( Parc national de Mammoth Cave )

Le parc national de Mammoth Cave (Mammoth Cave National Park) est un parc national américain créé le et situé au centre de l'État du Kentucky. Il s'étend sur 214 km2 dans le bassin de la Green, à cheval sur les comtés d'Edmonson, de Hart et de Barren. Il comprend une partie du Mammoth Cave System (« Réseau de la grotte mammouth »), qui est le plus grand réseau souterrain au monde, avec près de 676 kilomètres explorés de galeries,,. L'origine du nom de la grotte, qui date du XVIIIe siècle, provient de sa taille import...Lire la suite

Le parc national de Mammoth Cave (Mammoth Cave National Park) est un parc national américain créé le et situé au centre de l'État du Kentucky. Il s'étend sur 214 km2 dans le bassin de la Green, à cheval sur les comtés d'Edmonson, de Hart et de Barren. Il comprend une partie du Mammoth Cave System (« Réseau de la grotte mammouth »), qui est le plus grand réseau souterrain au monde, avec près de 676 kilomètres explorés de galeries,,. L'origine du nom de la grotte, qui date du XVIIIe siècle, provient de sa taille importante et n'a pas de rapport avec l'animal préhistorique.

La géologie karstique du plateau Pennyroyal et la rivière Green réunissent sur 214 km2 les conditions idéales pour le développement d'un écosystème riche, avec près de 200 espèces animales et 1 300 espèces végétales, parmi lesquelles on trouve plusieurs espèces en voie de disparition ainsi que des espèces ayant évolué pour s'adapter à l'environnement sombre des grottes. Après avoir été exploité pour ses réserves de salpêtre et utilisé à des fins médicales, le système de Mammoth Cave est de nos jours voué aux activités spéléologiques et touristiques.

Le site est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis le et classé réserve de biosphère depuis le .

La relation qui lie les hommes à la Mammoth Cave dure depuis près de six millénaires et a connu de nombreuses phases, que ce soit de l'exploration jusqu'à son exploitation, en passant par son influence culturelle dans la région. Il s'agit d'une interaction perpétuelle entre l'homme et son environnement.

Préhistoire  Le dôme vertical de la grotte.

Des restes humains d'Amérindiens ont été mis au jour à plusieurs reprises dans le parc de Mammoth Cave ou dans ses environs, au XIXe siècle et XXe siècle, notamment une momie découverte en 1813 et surnommée « Short Cave Mummy » (littéralement, « momie de la petite grotte »)[1],[2]. Dans la plupart des cas, on a retrouvé des signes indiquant que les momies ont été enterrées intentionnellement, selon les pratiques funéraires de l'époque pré-colombienne.

Toutefois, en 1935, Grover Campbell et Lyman Cutliff ont découvert les restes d'un homme qui fait exception à ces pratiques[3]. La victime a en effet été retrouvée sous un énorme rocher, ce qui semble indiquer qu'en déblayant des gravats, le minier précolombien a probablement libéré un rocher qui lui a roulé dessus[3],[4]. Les restes de cette victime, surnommée « Lost John » (« John l'égaré »)[5], ont été exposés au public dans les années 1970, avant d'être enterrés dans un lieu tenu secret au sein de Mammoth Cave face aux polémiques[6]. En effet, cette décision a été prise à la fois pour des raisons de préservation et pour des raisons politiques à cause de l'exacerbation des sensibilités en provenance des tribus amérindiennes émergentes.

À la fin des années 1950, des recherches ont été effectuées par l'archéologue Patty Watson de l'université Washington de Saint-Louis. Celles-ci ont permis d'en apprendre davantage sur le mode de vie des derniers peuples archaïques et des nouveaux peuples des forêts qui ont exploré et utilisé les grottes de la région. Grâce à l'environnement protégé des grottes, l'équipe du Dr Watson a pu effectuer une datation par le carbone 14 de restes alimentaires pour déterminer l'âge des spécimens et pour analyser leur contenu. Les résultats obtenus à partir de restes couvrant plusieurs milliers d'années ont permis de mettre en évidence une évolution des comportements alimentaires en passant d'un mode de chasseur-cueilleur à celui de la domestication des plantes et de l'agriculture[7]. Les archéologues ont également découvert des indices selon lesquels ces premiers hommes récoltaient des cristaux et des minéraux dans les grottes de Mammoth Cave[8].

Une autre technique employée lors des fouilles archéologiques à Mammoth Cave était l'archéologie expérimentale : les explorateurs modernes descendaient dans la grotte en utilisant les mêmes technologies que celles employées par les anciennes cultures. L'objectif était de mieux comprendre les problèmes rencontrés par les anciennes tribus qui ont exploré la grotte, en plaçant les chercheurs dans la même situation physique.

Les lois fédérales et celles de l'État du Kentucky protègent les restes humains et les vestiges archéologiques trouvés lors de fouilles. La base de l'archéologie quand on découvre un objet est de déterminer sa position et son environnement précis. Le plus petit déplacement d'un objet préhistorique peut le rendre inexploitable dans le cadre d'une activité de recherche. Afin d'éviter toute perturbation, certaines zones de la grotte restent inaccessibles à moins d'avoir une tâche spécifique à y réaliser.

Outre les restes qui ont été découverts près de l'entrée historique de Mammoth Cave, des restes de torches de cannes amérindiennes ont été retrouvés dans la grotte Salts à Flint Ridge[9].

XVIIIe siècle

La zone connue sous le nom de « lot de Pollard » et s'étendant sur 130 km2 a été vendue par William Pollard, le 10 septembre 1791, à la ville de Philadelphie. Le 3 juin 1796, un marchand américain originaire du Yorkshire, Thomas Lang Jr, a fait l'achat de 80 km2 situés entre la rive nord de Bacon Creek et la Green pour un montant de 4 116,13 £. Ces terres ont toutefois été perdues au profit du comté à la faveur d'une créance fiscale lors de la guerre de 1812.

La légende veut que le premier Européen à avoir découvert Mammoth Cave était John Houchin, en 1797. Alors qu'il chassait, Houchin poursuivit un ours blessé jusqu'à la grande entrée de la grotte située à proximité de la rivière Green. Cependant, Brucker et Watson ont remis en cause cette découverte dans The Longest Cave en affirmant que la caverne était « probablement déjà connue avant cette date ».

Le terrain abritant cette entrée historique a été arpenté et enregistré pour la première fois en 1798 au nom de Valentin Simons. Simons commença à exploiter Mammoth Cave pour ses réserves de salpêtre. Le nitrate de calcium (Ca(NO3)2) contenu dans le guano des chauves-souris était alors récolté puis converti, par métathèse à l'aide de potasse (carbonate de potassium, K2CO3), en nitrate de potassium (KNO3) ou salpêtre, un des éléments nécessaires à la préparation de la poudre à canon.

XIXe siècle  Gravure de 1887 montrant le gouffre de Bottomless.

Pendant la guerre de 1812, Valentine Simon et les autres propriétaires du site prirent de l'importance avec l'envolée du cours du salpêtre. En effet, le blocus britannique des ports américains empêchait tout ravitaillement en salpêtre et donc en poudre à canon, ce qui conduisit à la diminution progressive des stocks de poudre dans les casernes. Par conséquent, les prix à la vente grimpèrent en flèche et les sites utilisant l'extraction de nitrates, comme à Mammoth Cave, dégagèrent davantage de bénéfices.

En juillet 1812, la cave a été rachetée par Charles Wilkins et un investisseur de Philadelphie nommé Hyman Gratz. C'est alors que débuta réellement l'exploitation à l'échelle industrielle des gisements de nitrate de calcium, présents dans la roche des grottes. Après que la moitié des parts de la firme fut rachetée pour 10 000 $, l'entreprise enregistra de lourdes pertes à l'issue de la guerre et finit par fermer ses portes. Le site devint alors une attraction touristique mineure dont l'activité était centrée autour d'une momie amérindienne découvert à proximité.

À la mort de Wilkins, ses exécuteurs testamentaires ont liquidé ses parts dans la grotte en les revendant aux Gratz. Au printemps 1838, les frères Gratz revendent à nouveau la grotte à Franklin Gorin, pour qui le but était d'en faire une attraction touristique (le marché du salpêtre s'étant effondré depuis bien longtemps). Gorin utilisait ses propres esclaves pour faire les guides touristiques dans les grottes. Parmi ses esclaves figurait l'une des personnes qui a apporté le plus dans la compréhension de la grotte et a contribué à en faire une place touristique de premier plan : Stephen Bishop. Cet esclave afro-américain qui a officié en tant que guide des années 1840 à 1850, a été l'un des pionniers en termes de cartographie des grottes et est à l'origine de la dénomination de nombreuses grottes.

 Carte de la grotte, datant de 1842, réalisée par Stephen Bishop.

Stephen Bishop a découvert Mammoth Cave pour la première fois en 1838, grâce à Franklin Gorin. Après la mort de Bishop, Gorin a écrit :

« J'ai installé un guide dans la grotte, le grand et célèbre Stephen, et il nous a aidé à faire de nouvelles découvertes. Il fut le premier à avoir jamais franchi le gouffre de Bottomless[10] et nous sommes, Stephen, moi et une autre personne dont j'ai oublié le nom, les seuls à être descendus tout en bas du dôme de Gorin, à ma connaissance. « Après que Stephen eut traversé le gouffre de Bottomless, nous avons découvert toute une partie des grottes qui était jusqu'alors inconnue. Avant ces découvertes, toute l'attention était focalisée sur ce qui est aujourd'hui connu sous le nom de « Vieille Grotte »… mais aujourd'hui la quasi-totalité des grottes sont connues, même si, comme Stephen avait coutume de le dire, elles étaient "grandes, sombres et étranges" »[11].

En 1839, le docteur John Croghan de Louisville décide de racheter l'ensemble du domaine de Mammoth Cave, ainsi que Bishop et les autres esclaves de Franklin Gorin. Croghan pensait que les vapeurs de la grotte pouvaient guérir les malades atteints de tuberculose et voulait donc y ouvrir un hôpital pour tuberculeux dans la grotte. Une épidémie généralisée de tuberculose finit par avoir raison de Bishop et Croghan.

Tout au long du XIXe siècle, la renommée de Mammoth Cave n'a cessé de croître, de sorte que la grotte est rapidement devenue une sensation internationale. Dès les années 1860, elle fait l'objet d'une exploitation touristique[12]. La grotte a notamment attiré l'attention d'auteurs comme Robert M. Bird, le révérend Robert Davidson, le révérend Horace Martin, Alexander C. Bullitt, Nathaniel Parker Willis (qui l'a visité en juin 1852), Bayard Taylor (en mai 1855), William Stump Forwood (au printemps 1867), le naturaliste John Muir (début septembre 1867), le révérend Horace Carter Hovey et bien d'autres encore[13]. Elle fut également visitée par l'acteur Edwin Booth, la chanteuse Jenny Lind (le 5 avril 1851) et le violoniste Ole Bull.

La guerre des grottes du Kentucky (1900-1925)  Une grotte inondée de Mammoth Cave, au début du XXe siècle.

La pauvreté des terres avoisinant les grottes de Mammoth Cave rendait la vie agricole difficile. Les propriétaires locaux de grottes ont alors voulu tirer profit du succès touristique de Mammoth Cave. La « guerre des grottes du Kentucky » a été une période de concurrence amère entre les grottes de la région pour attirer les touristes. Les propriétaires usaient ainsi largement de tactiques visant à tromper les visiteurs pour les attirer vers leur propre grotte. Ils plaçaient notamment des panneaux indiquant de fausses informations le long des routes menant à Mammoth Cave. Au début de l'ère automobile, il était également courant de dépêcher un représentant qui sautait de voiture en voiture pour « expliquer » aux visiteurs que Mammoth Cave avait été fermé, s'était effondré, était en quarantaine ou tout simplement inaccessible.

En 1906, Mammoth Cave est devenu accessible par bateau à vapeur grâce à la construction d'un barrage à Brownsville. La construction de ce barrage a eu un impact à long terme non seulement sur le biotope de la grotte, mais également sur l'exploration de la grotte.

En 1908, un jeune ingénieur allemand des mines, Max Kaemper, est arrivé à la grotte. Il venait juste de recevoir son diplôme d'une université technique et sa famille avait décidé de l'envoyer faire un voyage à l'étranger pour le récompenser de son succès. À l'origine, il avait l'intention de ne passer que deux semaines à Mammoth Cave, mais Kaemper y est finalement resté plusieurs mois. Avec l'aide du descendant d'un esclave, Ed Bishop, Kaemper a réalisé un relevé topographique précis de la grotte sur de nombreux kilomètres, incluant également de nombreuses découvertes. D'après certaines informations, Kaemper a également réalisé une étude de la surface située au-dessus des grottes : cette étude aurait notamment permis de découvrir de nouvelles entrées à la grotte, dont celle qui a permis l'ouverture de l'entrée de Violet City.

 Escaliers dans le dôme de Mammoth.

La famille Croghan a depuis supprimé les repères topographiques présents sur la carte de Kaempers. Le travail accompli par Kaemper sur la carte d'une portion des grottes apparait comme un succès cartographique. En effet, ce n'est qu'au début des années 1960, avec l'avènement de l'exploration moderne, que ces passages ont été étudiés et cartographiés avec une plus grande précision. Kaemper est ensuite rentré à Berlin, sans que jamais personne dans la région de Mammoth Cave ne s'intéresse à sa disparition. Ce n'est qu'au début du XXIe siècle qu'un groupe de touristes allemands, après avoir visité la grotte, entama des recherches sur la famille de Kaemper. Ils découvrirent que le jeune Kaemper fut tué huit ans après son retour, lors de la guerre de tranchées de la bataille de la Somme (1916), pendant la Première Guerre mondiale.

Le célèbre explorateur français de grottes Édouard-Alfred Martel a également visité la grotte pendant trois jours en octobre 1912. Bien qu'il n'a pas eu accès aux données topographiques du site, Martel fut autorisé à faire des observations barométriques dans la grotte afin de déterminer l'altitude relative des différentes zones de la grotte. Il a ainsi pu identifier différents niveaux et noter à juste titre que le niveau de la rivière Echo, à l'intérieur de la grotte, était contrôlé par celui de la rivière Green à la surface. Martel a déploré la construction, en 1906, du barrage de Brownsville, en faisant valoir que cela rendrait impossible toute étude hydrologique complète de la grotte. Parmi ses conclusions sur le comportement hydrogéologique de Mammoth Cave, Martel spécula que Mammoth Cave était reliée aux grottes de Salts et de Colossal. Cela ne fut démontré que soixante ans plus tard[14].

Au début des années 1920, George Morrison dynamita un certain nombre d'entrées à Mammoth Cave sur des terres n'appartenant pas au domaine des Croghan. En l'absence de publication des données topographiques récoltées par Kaemper, Bishop et d'autres, pour déterminer l'étendue réelle de la grotte, il est désormais formellement démontré que les Croghan ont exploité, pendant de nombreuses années, des portions de Mammoth Cave qui n'étaient pas situées sous leurs terres. Des actions en justice ont été intentées et, à une certaine époque, les différentes entrées de la grotte furent exploitées en parallèle par plusieurs concurrents.

Au début du XXe siècle, Floyd Collins a également exploré le système des grottes de Flint Ridge, pendant près de dix ans, avant de mourir en 1925 dans la grotte de Sand. Alors qu'il explorait un passage étroit de cette grotte, un rocher se délogea et tomba sur sa jambe. Il n'a pas réussi à se libérer tout seul et des tentatives de le sauver firent sensation dans les médias[15]. On compte parmi l'héritage de ses travaux d'explorations, la découverte de la grotte de cristal de Floyd Collins et la grotte de Salts.

La création du parc national (1926-1941)  Sentiers à travers le parc.

À la mort du dernier héritier des Croghan, un élan en faveur de la création du parc national de Mammoth Cave se développa parmi les riches citoyens du Kentucky. En 1926, des citoyens constituèrent l'association du parc national de Mammoth Cave et obtinrent finalement une autorisation de principe du parc, le 25 mai 1926.

Les donations reçues furent utilisées pour acheter des fermes de la région, pendant que plusieurs expropriations administratives permirent d'acquérir de nombreuses voies situées à l'intérieur des frontières proposées pour le parc national. Contrairement à la création d'autres parcs nationaux dans l'Ouest américain où la densité de population est faible, des milliers de personnes ont dû être déplacées de force lors du processus. Ces expropriations se sont souvent mal déroulées, car les propriétaires fonciers estimaient ne pas avoir été payés de manière suffisante. Encore aujourd'hui, l'amertume résonne dans la région.

Pour des raisons juridiques, le gouvernement fédéral n'obtint pas le droit de rétablir ou de développer les fermes qui avaient été détruites, tant que l'association la possèderait. Cette règlementation a été contournée par l'installation d'un « maximum de quatre » camps de Civilian Conservation Corps, entre mai 1933 et juillet 1942[16],[17]. Le National Park Service annonça, le 14 mai 1934, que la surface minimum pour la création du parc était atteinte et, le 22 mai 1936, que la surface minimum avait été atteinte pour bénéficier d'une administration et d'une protection[18].

Le parc national de Mammoth Cave fut officiellement inauguré le 1er juillet 1941. La coïncidence veut que la même année vit la naissance de la National Speleological Society. Le deuxième surintendant intérimaire de l'association du parc, R. Taylor Hoskins, devint ainsi le premier surintendant officiel de 1941 à 1951. La nouvelle entrée, fermée aux visiteurs depuis 1941, fut rouverte le 26 décembre 1951 et devint alors l'entrée utilisée pour le début de la visite du « Niagara gelé »[16].

Le développement du parc (1954-1972)  Passages typiques de la grotte, les vadoses sont creusées par les cours d'eau souterrains.

En 1954, le parc national de Mammoth Cave possédait toutes les terres comprises à l'intérieur de ses limites, à l'exception de deux étendues privées. L'une d'elles, la vieille ferme de Lee Collins, avait été vendue au propriétaire de la grotte de Kentucky Horse, Harry Thomas. Son petit-fils, William "Bill" Austin, exploita la grotte de Crystal de Collins pour entrer en concurrence directe avec le parc national, qui était dès lors contraint de maintenir les routes menant à cette propriété. En février 1954, à l'invitation d'Austin, la National Speleological Society organisa une expédition de deux semaines dans ses grottes, plus connue sous le nom d'expédition C-3 (pour Collins Crystal Cave)[19].

L'expédition C-3 attira l'intérêt du public grâce notamment à un essai photographique publié par Robert Halmi (dans Sports Illustrated ou dans le magazine Look) et, plus tard, à la publication d'un récit de l'expédition[19]. L'expédition a prouvé de façon concluante que des passages dans la grotte de Crystal s'étendaient jusqu'à Mammoth Cave, ou du moins qu'ils s'étendaient au-delà des limites de la propriété de la grotte de Crystal. Toutefois, cette information fut gardée secrète par les explorateurs, car ils craignaient que le service des parcs nationaux ne leur interdise toute exploration s'il venait à être au courant[20].

En 1955, la grotte de Crystal fut reliée à la grotte Unknown, ce qui constitua la première connexion au système de Flint Ridge. Après les conclusions de l'expédition C-3, certains des participants souhaitaient poursuivre leurs explorations et organisèrent un groupe nommé Flint Ridge Reconnaissance, sous la direction d'Austin, Jim Dyer, John J. Lehrberger et du Dr Robert E. Pohl. Cette organisation a par la suite pris une forme légale, en 1957, sous le nom de Cave Research Foundation (littéralement, Fondation pour la recherche des grottes). L'organisation cherchait à légitimer les activités des explorateurs de grottes grâce à l'appui de la recherche scientifique et académique.

 La Great Onyx Cave Entrance, inscrite au Registre national des lieux historiques.

En 1960, les grottes de Colossal et de Salts furent reliées et, en 1961, toutes les grottes d'entrée au système de Flint Ridge étaient connectées. En mars 1961, la propriété de la grotte de Crystal a finalement été rachetée par le National Park Service pour un montant de 285 000 $[21]. À la même époque, la propriété de la grotte de Great Onyx, le dernier terrain privé au sein du parc, fut également rachetée pour 365 000 $. La Cave Research Foundation fut néanmoins autorisée à continuer ses explorations grâce à la conclusion d'un accord avec le service des parcs nationaux.

La connexion entre Flint et Mammoth (1972)  La rivière Styx, l'une des voies d'eau semi-souterraines de la grotte, qui émerge à la surface du parc.

Le 9 septembre 1972, une équipe de cartographes de la Cave Research Foundation menée par le Dr John P. Wilcox[22] a réussi à suivre un passage étroit et humide qui relie deux des plus longs systèmes de grottes de la région : le système de grottes de Flint Ridge et celui de Mammoth Cave. Cette connexion a fait du système combiné Flint-Mammoth le plus long système de grottes au monde. Le système de Flint Ridge a d'ailleurs récemment surpassé la grotte qui détenait le record de longueur, la grotte d'Hölloch, en Suisse.

Par la suite, un autre voyage vers la jonction, désormais connue sous le nom de Tight Spot, fut organisé. Ce nom, qui signifie littéralement « point étroit », vient du fait qu'il agit comme un filtre pour spéléologues : le passage est si étroit que seules des personnes minces peuvent s'y faufiler. L'expédition, composée de Crowther, Wilcox, Zopf et Tom Brucker, trouva le nom de « Pete H » gravé sur le mur avec une flèche pointant dans la direction de Mammoth Cave[23]. Le nom aurait été sculpté par Pete Hanson, qui explorait activement la grotte dans les années 1930. Celui-ci a été tué durant la Seconde Guerre mondiale. Ce passage a été nommé la « rivière perdue d'Hanson » pour cette raison.

Lors de l'expédition du 9 septembre, en suivant le cours de la rivière perdue de Hanson, l'équipe a rejoint le Cascade Hall de Mammoth Cave, preuve définitive que ces grottes étaient reliées. John Wilcox émergea de l'eau profonde et vit une ligne horizontale se dessiner au-dessus de son champ de vision. Cette ligne s'est avérée être une main-courante pour les touristes. Il s'est alors exclamé : « un petit pas pour un homme dans la conquête de l'Everest de la spéléologie ». En effet, sur les nombreux kilomètres de galeries et de grottes que contient Mammoth Cave, seule une petite fraction est équipée de rampes et d'éclairage. Il est donc remarquable que le point de jonction entre les deux systèmes fut situé dans un lieu tout à fait familier.

Développements récents  Plan de Mammoth cave en 2021

D'autres connexions entre Mammoth Cave et de petites grottes ou des systèmes de cavernes ont été mises au jour, notamment celle avec les grottes de Proctor / Morrison (la grotte de Proctor a été découverte par Jonathan Doyle, un déserteur de l'armée de l'Union pendant la guerre de Sécession et était détenue par la compagnie de chemin de fer de Mammoth cave, avant d'être explorée par la Cave Research Foundation (CRF), alors que la grotte de Morrison fut découverte par George Morrison dans les années 1920) à proximité de Joppa Ridge, en 1979. Cette connexion a repoussé la frontière de l'exploration de Mammoth Cave vers le sud-est.

Parallèlement, un groupe indépendant appelé le Central Kentucky Karst Coalition (CKKC) a découvert plusieurs dizaines de kilomètres de galeries, à l'est du parc, dans les grottes de Roppel (du nom de l'explorateur Jerry Roppel qui les a découvertes en 1976, avec Jim Currens et James Borden). Le 10 septembre 1983, une connexion a été établie entre la section Proctor / Morrison du système de Mammoth Cave et la grotte de Roppel. La liaison a été réalisée par deux équipes mixtes composées d'explorateur de la CRF et de la CKKC. Chaque équipe est entrée par une entrée différente et elles se sont rencontrées au milieu, démontrant ainsi la connexion. Au total, ils ont mis au jour plus de 480 km. Des découvertes supplémentaires ont depuis lors poussé ce total à plus de 591 km.

En 2005, une autre connexion a été découverte dans la portion de la grotte de Roppel avec une autre grotte située sous Eudora Ridge (initialement découverte en 2003 par Alan Canon and James Wells[24].

Deux autres systèmes souterrains remarquables se développent à proximité du réseau de Mammoth Cave : le Fisher Ridge Cave System est découvert en janvier 1981 par un groupe de spéléologues du Michigan associé avec la section Detroit Urban Grotto de la National Speleological Society ; le Martin Ridge Cave System (en) est découvert en 1976 par Rick Schwartz au sud de la limite du parc, puis en 1996 ce système est connecté avec Whigpistle Cave et Jackpot Caves. En 2008, le Martin Ridge Cave System atteint 55 km de développement ; en 2019, le Fisher Ridge Cave System (en) dépasse les 209 kilomètres de développement et devient ainsi la 10e cavité naturelle la plus longue du monde. Les explorations de ces deux réseaux se poursuivent[25].

(en) Filson Club, The Filson Club History Quarterly, Filson Historical Society, University of Louisville, 1926, p. 631. (en) Patricia H. Quinlan, Beneath Their Feet : A Novel About Mammoth Cave and Its People, iUniverse, 2004, 380 p. (ISBN 0-595-31013-3), p. 10. ↑ a et b (en) NSS news, National Speleological Society, 1959, p. 98. (en) Brad Olsen, Sacred Places : North America - 108 Destinations, CCC Publishing, 2002, 304 p. (ISBN 1-888729-09-0), p. 274. (en) « Reading 1: The First Explorers », National Park Service, 2008 (consulté le 22 juin 2008). (en) « Mammoth Cave National Park », General Answers, 2005 (consulté le 22 juin 2008). (en) Patty J. Watson, Archeology of the Mammoth Cave Area, New York, Academic Press, 1974, 255 p. (ISBN 0-12-785927-6). Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées brochure (en) Mammoth Cave National Park : Fire Management Plan, National Park Service, 2001 (lire en ligne), p. 15. littéralement, le gouffre sans fond. Roger W. Brucker et Richard A. Watson 1976, p. 272-273. Eric Gilli, La spéléologie, Paris, PUF, 1995, 126 p. (ISBN 2-13-047254-0), p. 86. (en) Bob Thompson, « Early Writers Flocked To Mammoth Cave By Bob Thompson », 2000. Richard A. Watson 1981, p. 15-16. Roger W. Brucker et Robert K. Murray 1983. ↑ a et b Margaret M. Bridwell 1952, p. 60. (en) « Civilian Conservation Corps at Mammoth Cave National Park ». (en) National Park Service, « Historic Listings of NPS Officials ». ↑ a et b Joe Lawrence Jr et Roger W. Brucker 1955. Roger W. Brucker et Richard A. Watson 1976, p. 31. Margaret M. Bridwell 1952, p. 59. Cette équipe était notamment composée en plus du Dr Wilcox, de Patricia Crowther, Richard B. Zopf, Dr P. Gary Eller, Stephen G. Wells et Cleveland F. Pinnix (un ranger du National Park Service). Roger W. Brucker et Richard A. Watson 1976, p. 208. (en) James Wells, « The Great Symmetry: Cave Exploration » (en) [1] « USA longest caves » par le NSS GEO2 Committee on Long & Deep Caves (compilation de Bob Gulden, membre de la NSS #13188LF à Odenton, Maryland, États-Unis) [mis à jour le 04 octobre 2021 - consulté le 09 octobre 2021].
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